L’accès au foncier, l’autre épine dans le pied des start-ups industrielles

Le développement des start-ups industrielles en France fait face à plusieurs obstacles, dont l’accès au foncier est l’un des plus importants. Bien que le financement soit souvent mis en avant, un autre frein majeur est l’obtention rapide de terrains adaptés pour construire des usines, comme le souligne un rapport conjoint de France Industrie et Start Industrie.

La raréfaction du foncier, combinée à la loi climat, complique la recherche de terrains pour les startups industrielles. Jean-Philippe Thierry, Directeur Innovation et Industrie du Futur chez France Industrie, souligne que cette législation, bien qu’indispensable, nécessite d’être simplifiée pour permettre une réindustrialisation. En effet, l’équation est complexe : alors que l’État cherche à promouvoir la réindustrialisation pour renforcer la souveraineté technologique, trouver des terrains adaptés devient un véritable casse-tête. 

D’après une enquête menée auprès d’un échantillon représentatif de startups industrielles, 76 % des dirigeants recherchent des terrains de moins d’un hectare, ce qui permettrait de répondre à leurs besoins immédiats tout en offrant la flexibilité nécessaire à une potentielle expansion. Ces terrains doivent également être suffisamment modulables pour s’adapter à une hausse future de la production. Environ 63 % des entrepreneurs préfèrent réhabiliter des bâtiments industriels existants, tandis que 36 % optent pour un bail avec option d’achat, indiquant un besoin d’agilité dans leurs choix.

L’accompagnement par les pouvoirs publics joue un rôle clé. En effet, 54 % des startups ont été soutenues par des intercommunalités et 36 % par des régions. Ces soutiens prennent souvent la forme d’aides publiques, car les élus locaux cherchent à attirer des entreprises créatrices d’emplois dans leurs territoires. Cela est d’autant plus vrai dans le contexte actuel où la souveraineté technologique est devenue une priorité nationale. 

Malgré ces aides, 53 % des startups interrogées ont rencontré des difficultés pour trouver un terrain adapté, et 47 % ont eu du mal à construire un modèle économique viable. Le foncier est souvent indispensable pour générer des revenus, et de nombreuses jeunes entreprises n’ont pas encore de rentrées financières avant d’avoir construit leur usine. Elles dépendent donc largement des levées de fonds, qui sont plus compliquées à obtenir dans ce secteur. Chaque retard dans l’obtention de foncier affecte leur trésorerie, rendant crucial un accès rapide aux terrains. Par ailleurs, les délais administratifs pour la construction d’usines en France sont jugés trop longs, surtout par rapport à des pays voisins comme l’Allemagne. Ces délais représentent un véritable frein à la compétitivité et à l’attractivité du pays. Pour Jean-Philippe Thierry, plus les startups peuvent obtenir des terrains rapidement, plus elles ont de chances de succès dans leurs projets industriels.

Pour pallier ces difficultés, France Industrie et Start Industrie recommandent plusieurs mesures. Elles proposent la création d’un portail national regroupant toutes les offres foncières disponibles et leurs caractéristiques, ainsi que les aides publiques mobilisables. Ce portail permettrait aux startups d’accéder plus rapidement à des informations cruciales sur les terrains adaptés à leurs besoins. Les associations suggèrent également de multiplier les « sites clés en main », particulièrement pour les petites surfaces, qui sont souvent les plus recherchées. Enfin, elles préconisent de mieux exploiter les surfaces inutilisées appartenant à des PME ou grandes entreprises. Ces terrains pourraient être loués aux startups, facilitant également la création de partenariats et la mutualisation des infrastructures, réduisant ainsi les coûts de production. Ces solutions comme la création d’un portail national et la mise à disposition de sites clés en main pourraient améliorer cette situation et aider à stimuler la réindustrialisation du pays.

Lire l’article par Les Echos ici.