Les start-ups industrielles face au casse-tête du financement
30 août 2023
Le Figaro met en lumière les défis de financement auxquels les startups industrielles en France sont confrontées, tout en soulignant leur rôle essentiel dans la réindustrialisation du pays, un projet soutenu par le gouvernement.
Ces start-ups, en particulier celles axées sur les technologies de rupture (deeptech), sont de plus en plus nombreuses en France, notamment dans le secteur de la Greentech. Parmi elles, beaucoup de start-ups industrielles se concentrent sur des innovations technologiques, et leur importance est croissante dans la stratégie de réindustrialisation du pays. Le gouvernement français, conscient de l’importance de ces nouvelles entreprises pour l’économie nationale et pour répondre aux enjeux climatiques, a fait de leur soutien une priorité. Emmanuel Macron a appelé à la création de 100 sites industriels d’ici 2025 pour accélérer cette réindustrialisation, un mouvement déjà amorcé avec l’ouverture de 35 sites en 2022 par des start-ups. L’enjeu est de taille puisque le secteur industriel, qui représentait 24% du PIB en 1980, n’en constitue aujourd’hui que 10%.
Pour faciliter ce processus, la loi Industrie verte, adoptée en juillet 2023, vise à accélérer les procédures administratives, un point crucial pour les start-up qui doivent opérer rapidement pour rester compétitives. Romain Moulin, cofondateur de la licorne industrielle Exotec, souligne l’importance de la rapidité pour ces jeunes entreprises. Il déplore les lourdeurs administratives qui peuvent freiner leur développement, surtout face à la concurrence asiatique et américaine. En parallèle, l’État a lancé le plan France 2030, doté de 54 milliards d’euros pour créer de nouvelles filières industrielles et technologiques. Ce plan inclut un financement de 3 milliards d’euros spécifiquement pour les start-up et les futures licornes. Bpifrance, l’un des principaux acteurs publics de soutien, joue un rôle central en co-investissant avec des acteurs privés pour soutenir les start-ups industrielles. L’objectif est de créer un effet de levier, où un euro public générerait trois ou quatre euros de financement privé.
Cependant, malgré ces initiatives, le financement reste un obstacle majeur. En 2023, les levées de fonds ont chuté de 50% par rapport à l’année précédente, un signe de ralentissement du marché des capitaux. Pour l’instant, les start-ups industrielles ne sont pas encore trop touchées, surtout celles qui ont levé des fonds avant la crise. Néanmoins, la question du financement devient critique lorsqu’elles atteignent la phase d’industrialisation, moment où les besoins en capitaux sont plus importants pour construire des usines et accélérer leur production. Jean-Philippe Thierry, directeur de Start Industrie, souligne que la majorité des start-ups industrielles françaises sont encore en phase de pré-industrialisation, avec un énorme potentiel à venir. Toutefois, pour que ces entreprises puissent réaliser leur plein potentiel, il est nécessaire de renforcer l’accompagnement financier, notamment pour celles qui arrivent au stade de l’industrialisation. Cet accompagnement inclut non seulement des financements publics, mais aussi une meilleure coordination avec les financements privés, qui restent moins développés en France comparé à d’autres pays. L’un des grands défis pour ces start-ups est donc de naviguer entre les différentes phases de développement, tout en surmontant les contraintes liées aux financements et aux lourdeurs administratives. Le soutien gouvernemental, notamment via des initiatives comme France 2030, est un signal positif pour ces start-up. Cependant, pour assurer la pérennité de cet écosystème, il est crucial de mieux adapter les mécanismes de financement, en particulier en phase d’accélération. Les start-ups industrielles sont essentielles non seulement pour répondre aux enjeux climatiques, mais aussi pour assurer la compétitivité industrielle de la France à l’échelle mondiale.
En résumé, les start-ups industrielles françaises sont au cœur des efforts de réindustrialisation du pays, un projet soutenu par des politiques ambitieuses comme la loi Industrie verte et le plan France 2030. Elles bénéficient du soutien de Bpifrance et d’autres acteurs publics, mais leur développement reste freiné par des obstacles financiers, surtout lorsqu’elles passent de la phase de recherche et développement à celle de l’industrialisation. Si ces défis sont surmontés, ces entreprises ont le potentiel d’ouvrir de nombreuses usines à travers le pays et de contribuer de manière significative à l’économie et à la transition écologique de la France. Le gouvernement et les acteurs privés doivent donc continuer à ajuster et renforcer leur soutien pour permettre à ces start-up de prospérer dans un environnement de plus en plus compétitif à l’échelle internationale.
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