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Les start-ups, un maillon clé pour réinventer l’industrie française

17 juillet 2023

Les startups, un maillon clé pour réinventer l’industrie française - Start Industrie

Face au déclin industriel qui a vu la part de l’industrie dans le PIB passer de 24% en 1980 à 10% en 2019, le gouvernement français mise sur les technologies de rupture pour revitaliser le secteur industriel. Cette réindustrialisation par l’innovation est considérée comme un axe stratégique majeur, mais elle rencontre encore des difficultés dans sa mise en œuvre.

L’industrie française a perdu en compétitivité au cours des dernières décennies, et sa part dans le produit intérieur brut (PIB) a considérablement chuté. Pour inverser cette tendance, l’État français a lancé plusieurs plans visant à réindustrialiser le pays en s’appuyant sur les innovations technologiques des start-ups. Ces initiatives font partie d’un plan global de relance industrielle qui associe les entreprises technologiques à l’industrie traditionnelle, un mariage entre la « French Tech » et la « French Fab ». Le gouvernement ambitionne la création de 100 nouveaux sites industriels par an d’ici 2025. Ce plan est financé par des fonds publics, incluant 2,3 milliards d’euros provenant du Programme d’investissements d’avenir (PIA4) et du plan France 2030. Ces investissements visent à soutenir les PME innovantes, en espérant que celles-ci puissent se développer localement au lieu de délocaliser leur production ou de vendre leur recherche et développement (R&D) à des entreprises étrangères.

Au cœur de cette stratégie de réindustrialisation se trouvent les “deeptechs”, des start-ups qui exploitent des innovations de rupture dans des secteurs industriels cruciaux. Fin 2022, les deeptechs représentaient 44 % des start-ups industrielles françaises. Ces entreprises travaillent dans des domaines aussi variés que la robotique, les biotechnologies, la production d’énergie renouvelable, ou encore la mobilité durable. Leurs innovations vont de la production de bioplastiques (comme Lactips en région Auvergne-Rhône-Alpes) à la fabrication de batteries pour véhicules électriques (comme Verkor à Dunkerque). L’un des objectifs clés du gouvernement est d’ancrer ces innovations dans les territoires, afin de créer des emplois non délocalisables et de revitaliser les régions touchées par le déclin industriel. En parallèle, ces start-ups contribuent à améliorer l’image de la French Tech, non seulement en innovant sur le plan technologique, mais aussi en proposant des projets ayant un impact environnemental et social. Cela se traduit par la création d’emplois locaux et une participation active à la décarbonation de l’industrie.

Malgré l’engagement financier du gouvernement et les belles réussites de certaines start-ups industrielles, les projets d’usines portés par les start-ups peinent à se concrétiser. En 2021, seulement 18 projets d’usines ont vu le jour, et en 2022, seuls 16 projets ont été réalisés sur les 62 espérés. Ce décalage s’explique en grande partie par la crise de financement qui touche le secteur technologique depuis plusieurs années. Paul-François Fournier, directeur exécutif de Bpifrance, souligne que les projets industriels des start-ups sont très capitalistiques et nécessitent souvent des investissements massifs. Les start-ups doivent parfois non seulement développer des produits innovants, mais aussi repenser les machines et infrastructures nécessaires à leur production. Cela rend ces projets particulièrement coûteux, freinant leur développement rapide. La crise du financement affecte non seulement les jeunes entreprises technologiques, mais elle limite aussi l’enthousiasme des investisseurs. De nombreuses startups peinent à lever les fonds nécessaires pour mener à bien leurs projets d’industrialisation, et cela malgré les incitations financières du gouvernement. Cette situation freine la réindustrialisation par l’innovation et fait peser des doutes sur la capacité de la France à atteindre ses objectifs de création de sites industriels.

Outre la création de nouveaux sites industriels, l’un des autres volets de la stratégie de réindustrialisation consiste à moderniser l’industrie existante. Ici, la French Tech joue un rôle déterminant en apportant des solutions technologiques aux entreprises industrielles. Ces innovations permettent d’améliorer la productivité, de réduire les coûts, notamment énergétiques, et de rendre l’industrie plus compétitive au niveau mondial. En matière de modernisation industrielle, la France est en retard par rapport à d’autres pays européens en termes de robotisation. Alors que l’Allemagne compte 346 robots pour 10.000 employés et l’Italie 212, la France n’en compte que 177. Cependant, certaines start-ups, comme Ewattch, offrent des solutions pour aider les industries à optimiser leurs processus de production. Ewattch vend des capteurs connectés permettant de collecter des données sur les usines et de les analyser afin de réduire la consommation énergétique. Ces innovations peuvent permettre des économies d’énergie allant jusqu’à 25 % dans certains cas, ce qui est particulièrement pertinent dans le contexte actuel de hausse des coûts de l’énergie.

En somme, la réindustrialisation de la France via l’innovation technologique repose sur des bases prometteuses, mais elle rencontre encore des obstacles majeurs. Le gouvernement a mis en place des moyens financiers importants et compte sur la French Tech pour dynamiser l’industrie nationale. Néanmoins, la concrétisation des projets reste limitée par des freins structurels, notamment en termes de financement. Les deeptechs et autres start-ups industrielles jouent un rôle clé dans cette  transformation, mais leur impact à grande échelle dépendra de leur capacité à surmonter ces obstacles financiers. De plus, l’adoption des innovations technologiques par l’industrie traditionnelle reste une question ouverte. Si la France parvient à conjuguer modernisation de son tissu industriel et création de nouvelles usines, elle pourrait réussir à relever les défis économiques et sociaux liés à son déclin industriel. Mais pour l’instant, la mayonnaise peine encore à prendre, et la stratégie devra probablement être ajustée pour atteindre les objectifs ambitieux fixés pour 2025.

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